MLO (Mid-life Operations). Ces trois lettres désignent un programme industriel d’ampleur inédite pour Akiem. Il concerne les 153 locomotives Prima BB27000 et BB37000, soit environ 20 % de la flotte gérée par l’entreprise. « Les Locomotives ont été construites entre 2003 et 2009, explique Renaud Brassart, chef de programme Maintenance Patrimoniale Prima pour les activités Maintenance & Services. Elles doivent aujourd’hui faire l’objet d’opérations de maintenance lourde, dont le but est de leur assurer un minimum de dix années de service commercial supplémentaires. »

Si, jusqu’à présent, Akiem faisait appel à des fournisseurs comme Alstom ou Masteris pour réaliser intégralement ce type de prestations, l’entreprise a décidé d’internaliser la mise en œuvre complète de ce programme. Une opération d’envergure qui a d’ailleurs largement contribué à la décision finale de construction du site d’Ostricourt.

Quels sont les bénéfices attendus ?

« Une meilleure maîtrise des délais, coûts et des critères de qualité et de productivité qui s’appliquent à l’intervention sur les Prima », répond Renaud Brassart.

Créer de toutes pièces l’ensemble des processus

À ce jour, l’atelier de Krefeld, en Allemagne, contribue à la remise en état de locomotives (Traxx, Vectrons…), mais il s’agit d’opérations sur des plans de maintenance déjà existants, parfaitement maîtrisés par nos équipes. L’équipe en charge du programme MLO a dû partir d’une page blanche, et créer de toutes pièces l’ensemble des processus : essais, méthodes, logistique, planification, etc.« L’absence de plan de maintenance préexistant a été une des principales difficultés à surmonter, souligne Nicolas Dupret. Avec l’aide d’un cabinet externe, nous avons accompli un travail de fourmi pour établir la liste des équipements à vérifier, réviser et renouveler, mais aussi pour rédiger les spécifications décrivant dans le détail les tâches à exécuter. » Le retour d’expérience qui sera effectué sur les premières locomotives prises en charge permettra, si nécessaire, de procéder à des ajustements.

La capacité d’adaptation des équipes Akiem a également été mise à l’épreuve dans le domaine de la qualité industrielle. Contrôles multiples sur les pièces révisées ou nouvellement installées, garanties fournisseurs… Il a fallu mettre en place un dispositif renforcé à une échelle inconnue dans l’entreprise. L’internalisation des opérations de maintenance lourde représente donc pour Akiem un pas de géant, et elle nous donnera un coup d’avance sur la concurrence : nous serons en effet le seul acteur du marché de la location ferroviaire français en mesure de réaliser à 100 % ce type d’opérations.

Seulement huit semaines pour traiter une locomotive.

Lorsque le programme MLO aura atteint sa vitesse de croisière, quatre locomotives seront traitées simultanément. Sur chaque engin, pas moins de 60 équipements sont révisés – modules de frein, pantographe, disjoncteur haute tension, etc. Un volume qui a conduit Akiem à mobiliser un large panel de fournisseurs.

Akiem s’est donnée pour objectif d’assurer la maintenance d’une machine en seulement huit semaines. Un sacré challenge ! « La maîtrise des flux logistiques est clé dans notre capacité à tenir les délais », insiste Renaud Brassart. Pour y parvenir, les entreprises en charge de la révision des composants ont signé des clauses contractuelles engageantes. Par exemple, il ne doit pas s’écouler plus de dix jours ouvrés entre le moment où une pièce quitte l’atelier ferroviaire et celui où les opérateurs la récupèrent révisée et bonne pour être remontée !

Un programme fédérateur

La conduite du programme donne lieu à des échanges réguliers entre tous les métiers et les départements de l’entreprise. Les équipes Maintenance & Services et celles de Locomotive leasing ajustent notamment leurs attentes et contraintes respectives, afin d’établir le planning de retrait des locomotives (pour les opérations) aux clients et leur date de restitution. Les achats, de leur côté, jouent le rôle d’interface entre les fournisseurs et les équipes internes.

« L’immobilisation prolongée des locomotives peut être l’opportunité de faire avancer d’autres projets, observent Samia Saadaoui et Elias Charles. Actuellement, nous travaillons étroitement avec les équipes Locomotive leasing pour synchroniser au mieux les opérations de mi-vie et la maintenance des boogies. »

Où en est aujourd’hui le déploiement opérationnel du programme MLO ? En attendant la mise à disposition de l’atelier d’Ostricourt, courant 2024, c’est dans les locaux du partenaire Hiolle Technologies que se déroule la maintenance lourde des locomotives. Deux d’entre elles ont déjà été remises en circulation et trois autres sont en cours de révision. « La machine qui a servi de prototype sortait d’une mise à l’arrêt d’un an et demi. Elle circule depuis plus de deux mois sans aucun problème : ni signalement, ni panne », note Renaud Brassart. De bon augure pour la suite du programme, qui s’échelonnera jusqu’en 2029.